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ANALYSE

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Qu’attendre du deuxième Colloque Nostradamus de Paris ?

par Jacques Halbronn

    Le 12 novembre 2004, va se tenir à Paris un Colloque Nostradamus, dans le cadre d’un projet plus global (s’étendant sur deux jours), et qui couvre d’autres domaines d’investigation liée à la connaissance de l’avenir, à savoir les cycles, les ères, les astres.1 On n’est plus en 2003, où furent célébrés de diverses manières, tant par des rencontres que par des publications, le cinq centième anniversaire de la naissance de Michel de Nostredame mais on n’a certainement pas fini de s’intéresser à l’homme et à l’oeuvre qui lui est attribuée, à tort ou à raison.

   Faut-il préciser que ce Colloque se situe à un autre niveau que ceux qui se sont tenu en 2003, tant à la BNF - où se tint le premier colloque Nostradamus de Paris - qu’à Salon de Provence, sans parler d’ouvrages souvent assez peu rigoureux parus il y a peu à cette occasion, sans oublier nombre de textes mis en ligne, sur divers sites spécialisés ? Ajoutons que le but du Colloque à venir ne se réduit nullement au rapport que Nostradamus pouvait entretenir avec l’astrologie, mais tout le problème n’est-il pas de déterminer quelles sont les “frontières” de l’astrologie, pour reprendre l’intitulé du congrès que nous avions organisé, avec le CURA, en l’An 2000 et qui, d’ailleurs, comportait déjà un volet nostradamique et auquel Roger Prévost et Patrice Guinard, notamment, avaient participé. Mais depuis, les choses ont pas mal évolué, nous semble-t-il et il est peut-être temps de “faire le point” puisque tel est le but affiché du Colloque de novembre prochain. Faire le point, cela signifie se mettre d’accord sur un certain nombre de positions, de propositions, de questionnements, sinon de réponses et de solutions. Le tout est de trouver des formulations acceptables par la majorité des chercheurs en nostradamologi(qu)e et nous nous proposons, dans la présente étude, d’anticiper sur les termes d’un possible consensus qui pourrait être atteint en novembre prochain.

   Un premier principe en quelque sorte déontologique à respecter, c’est nous semble-t-il, de sérier les problèmes et de ne pas chercher à prouver trop de choses à la fois, bref il convient d’aborder les questions une par une car il peut y avoir accord sur l’une d’elles et pas sur d’autres. Or, l’enjeu n’est-il pas de déterminer les points d’accord, de convergence ? Ce serait en tout cas une bonne façon de calmer le jeu, de dédramatiser les tensions.

   C’est ainsi que l’étude des sources des quatrains et des épîtres centuriques est un sujet en soi intéressant et que cette étude doit être menée sans arrière pensée, c’est à dire sans chercher à sauter à certaines conclusions discutables. En d’autres termes, il ne faudrait pas censurer systématiquement les sources susceptibles de dater trop tardivement, au goût de certains, tel ou tel verset, tel ou tel passage.

   On a récemment insisté2 sur le fait que le fait qu’un quatrain ou un verset figure dans la littérature pseudo-nostradamique ne signifie pas automatiquement qu’il s’agit d’un emprunt aux Centuries car cela peut aussi bien être l’inverse, à savoir la constitution du corpus centurique à partir de la littérature nénostradamique.

   Par ailleurs, comme nous l’avons exprimé dans un de nos derniers textes3, il importe d’envisager de corriger tel ou tel verset ou tel ou tel passage sans nécessairement se préoccuper de l’état des éditions dont on dispose, en admettant notamment l’existence, du moins virtuelle, d’un état manuscrit non conservé. Autrement, le travail de relecture des quatrains risque de tourner en rond dès lors que l’on voudrait absolument qu’il recoupât telle ou telle édition supposée faire référence.

   De même, il ne nous semble pas souhaitable de préjuger de la paternité de Nostradamus sur tel ou tel quatrain - même si le nom de Nostradamus figure sur l’édition considérée - et il vaut mieux désigner les textes pour ce qu’ils sont et sans les attribuer à quelqu’un en particulier, d’autant que la paternité d’un auteur sur un texte est toujours assez relative, en raison même des emprunts et des influences qui interviennent d’une façon ou d’une autre.

   Il conviendrait aussi de ne pas affirmer trop vite et de façon par trop péremptoire que telle édition est parue en telle année. On sait en effet que le débat entre chercheurs tourne précisément autour de la datation de nombre d’éditions et ce tant celles qui portent une date que celles qui n’en portent pas. Il serait donc préférable de parler d’une édition datée de telle année que d’une édition parue en telle année et de même en ce qui concerne une édition non datée mais portant mention du libraire, il serait bon de ne pas extrapoler en se fondant sur la période d’activité du dit libraire car il peut s’agir d’une mention douteuse.

   Passons à présent à des questions plus délicates, comme c’est le cas pour la date d’apparition de certaines Centuries. On songe bien entendu aux Centuries V, VI et VII qui ne sont pas attestées en 1572 dans les Prophéties dédiées à la Puissance Divine et à la Nation Française de Crespin. A cette date, le néonostradamisme d’un Antoine Crespin ignore, pour quelque raison que cela soit, ces centaines de versets et de quatrains. Ne pourrait -on pas s’entendre sur l’existence d’une première édition à six centuries et qui comporterait les Centuries I-III et VIII-X ?

   Un autre problème concerne la présence des Epîtres ? Ne peut-on penser que l'Epître à Henri II aurait la prépondérance annonçant les six premières Centuries (cf. supra) et non les dernières, restantes, ce qui est fort peu respectueux de la majesté du souverain ? Ce qui impliquerait d’accorder quelque importance à la version Besson de la dite Epître et qui parle des “premières” Centuries.

   Quant à l’apparition de la Préface à César ne conviendrait-il pas de la situer dans les années 1580, quand elle est attestée dans les multiples éditions à 7 centuries qui paraissent alors et qui ne comprennent pas l’Epître au Roi ni d’ailleurs les Centuries VIII-X ?

   Il conviendrait également de s’entendre sur la parution posthume des Centuries et non du vivant de Michel de Nostredame et ce sans préjuger de l’identité de leur auteur. Mais si parution posthume il y eut, encore faudrait-il que les éditions parues après la mort de Nostradamus mentionnent celle-ci, ce qui n’est nullement le cas de l’édition Benoist Rigaud 1568 chère à une majorité de nostradamologues (reprint Chomarat, 2000). Quelle est au demeurant la valeur des recoupements concernant la parution des Centuries du vivant de cet auteur ?

   N’est-il pas probable que si édition posthume il y eut, elle comprenait une biographie, un peu à l’instar de celle qui figure en tête du Janus Gallicus, avec le “Brief Discours de la Vie de M. Nostradamus”, en tenant compte d’additions ultérieures ? Or, force est de constater que les éditions datées de 1568 ne comportent aucun élément biographique. Notons cependant l’intitulé des Sixains : “Prédictions admirables (...) recueillies des Mémoires de feu Maistre Michel Nostradamus, vivant Médecin du Roy Charles IX & l’un des plus excellens astronomes qui furent jamais”4 dont le ton nous semble assez adéquat. La pseudo-édition de 1566 (Pierre Rigaud) avait au moins l’avantage de comporter le texte de la pierre tombale, que l’on retrouve d’ailleurs dans le Brief Discours, mais tronqué.

   Il nous semble, également, que l’on puisse admettre que le nombre de centuries a varié. Du Verdier parle en 1584 de Dix Centuries alors qu’en 1588-90, n’en paraissent plus que sept, à Paris, Rouen et Anvers. On serait donc passé de six centuries, dans les années 1570 à dix puis redescendu à sept pour remonter à nouveau à dix voire plus, comme cela est attesté dans le courant du XVIIe siècle.

   On devrait également pouvoir s’entendre en ce qui concerne le fait que certains textes centuriques sont bien issus de la production de Michel de Nostredame mais sensiblement modifiés. C’est évidemment le cas de l'Epître à Henri II dont une première mouture figure en tête des Présages Merveilleux pour 1557, mais ça l’est aussi probablement pour la Préface à César dont on sait, par Couillard, qu’une première mouture parut bel et bien dans les années 1550, sans qu’on sache exactement ce qu’elle introduisait si ce n’est éventuellement des Vaticinations Perpétuelles. Il est même fort probable, au témoignage de libraires de l’époque, que des Prophéties de Nostradamus soient parues de son vivant sous ce titre mais que contenaient-elles réellement, that is the question ? Et ne parlons pas des quatrains des almanachs qui ont certainement inspiré ceux des Centuries ! Soyons donc prudents : la mention d’un texte même comportant certaines précisions ne garantit nullement que le texte auquel il est ainsi fait référence soit strictement identique à tel texte en notre possession comportant certaines similitudes. Autrement dit, l’oeuvre de Nostradamus est une source importante du corpus centurique et pseudo-nostradamique et à partir du corpus centurique et pseudo-nostradamique, on peut probablement reconstituer certains aspects de cette oeuvre qui ne nous seraient point parvenus directement. En effet, si les imitateurs et disciples de Nostradamus ont produit certains types d’ouvrages, c’est vraisemblablement, en référence à la production de Michel de Nostredame. Le cas le plus remarquable est probablement celui de ces prédictions pour plusieurs années qui paraissent sous le nom de Crespin ou de Nostradamus le Jeune et dont on ne connaît pas d’éditions parues sous le nom, stricto sensu, de Michel Nostradamus. Il est bien possible qu’il s’agisse là de ce qui paraissait sous le nom de Prophéties et qui se vendaient d’ailleurs assez médiocrement, étant conçu de façon assez mécanique et non pour la seule année à venir. On sait la fortune que ces Prophéties connaîtront puisque c’est sous ce nom que les Centuries commenceront à paraître.

   Un autre aspect nous semble important à traiter, c’est le rapport entre l’historicité de Nostradamus et son image de prophète. Il semble que le personnage du prophète écrase l’homme Nostradamus. Nous avons là, nous semble-t-il, interférence entre l’archétype du prophète qui correspond à un mythe récurrent et qui plonge très profond, et la réalité humaine. On a d’ailleurs le même cas de figure, peu ou prou, avec Jésus ou Mahomet. On ne peut pas écrire l’Histoire “vraie” avec des symboles, avec des mythes aussi prégnants soient-ils. Si l’historien ne peut faire abstraction, de son côté, d’un certain nombre d’invariants psychosociologiques, il se doit néanmoins d’essayer de déterminer ce qui s’est passé réellement dans une configuration bien précise et d’expliquer comment on a fait de Nostradamus, précisément, un prophète, puisque, force est de constater que c’est bien ce statut qui a fini, à tort ou à raison, par lui être conféré par la postérité.

   Reste l’épineuse question du mode d’emploi des Centuries, quel qu’en soit l’auteur. Quel était à l’origine le processus d’utilisation de ces listes de quatrains ? Est-ce qu’un tel mode d’emploi était fourni dans les toutes premières éditions ? Il semble que Crespin nous en donne une idée, dans ses Prophéties dédiées à la Puissance divine (1572). Il est possible en effet qu’il ait composé un corpus de versets dans lequel il puisa pour rédiger ses adresses. Par la suite ce corpus dont on ne dispose que d’une application ou deux (avec la seconde édition augmentée de cet ouvrage) aurait été récupéré et publié sous le nom de Michel Nostradamus. Deux méthodes devaient en fait cohabiter : l’une pour l’avenir par tirage et l’autre pour le passé par sélection des versets les plus appropriés pour rendre compte des événements connus. Rien d’étonnant à cela : il s’agirait là en fait d’un processus à rebours, d’une sorte de reconstitution ou encore d’une illustration. Le raisonnement semble avoir été le suivant : puisque par les quatrains on peut connaître l’avenir, quand on connaît l’avenir, on peut retrouver les quatrains qui auraient pu et du sortir pour l’annoncer. En ce sens, le texte prospectif de Crespin de 1572 serait complémentaire de celui de la Première Face - rétrospective - du Janus François - la Seconde Face, prospective, n’étant point parue, et d’ailleurs, il est probable que la première mouture de ce commentaire soit nettement antérieure à 1594.

   Une autre question assez classique consiste à se demander pour quelle raison les Centuries - et ce quel qu’en soit l’auteur - empruntent-elles à des récits historiques parfois antérieurs au XVIe siècle bien que le plus souvent (ré)édités au XVIe siècle. S’agit-il d’un collage de divers documents pour faire du remplissage de façon à produire des quatrains en série ? Ou bien cherche-t-on à présenter les Centuries comme un recueil de prophéties dont Nostradamus ne serait que le compilateur et non stricto sensu l’auteur ? Là encore, force est de constater que les éditions qui nous sont conservées sont muettes sur ce point. Il est bien possible que l’on n’ait à l’origine présenté les Centuries que comme une compilation extraite de la bibliothèque de Nostradamus, plusieurs ouvrages ne font-ils pas référence à cette bibliothèque ? La notion d’auteur à l’époque était assez différente de la nôtre aujourd’hui ; peut être Nostradamus n’était-il présenté que comme l’éditeur - au sens anglais du terme ? Rappelons le cas de ces Prédictions pour vingt ans, continuant d’An en An, iusques en l’an mil cinq cens quatre vingtz trois par lesquelles sont prédites choses merveilleuses & de grande considération, selon le Seigneur & dominateur de l’Année. Extraictes de divers aucteurs, trouvée en la Bibliothèque de nostre defunct dernier décédé (Que Dieu absolve) Maistre Michel de nostre Dame. A la supplication de plusieurs ont esté à très grand’diligence reveues & mises en lumière par Mi. De Nostradamus le Jeune, Rouen Pierre Hubault, s.d. (British Library, C 133 b 22).

   Ce texte est supposé partir d’environ 1562, si l’on soustrait 20 ans à 1583, donc du vivant de Nostradamus, mort seulement en 1566. Que nous dit-on exactement ? Qu’il s’agit de prévisions extraites de divers auteurs et qu’on les a trouvées dans les papiers laissés par Nostradamus, autrement dit que ces Prévisions étaient restées jusqu’à leur publication posthume - vers 1568, par exemple - inédites. Ce document vient de façon assez marquante renforcer la thèse selon laquelle des documents non publiés ont été récupérés dans la Bibliothèque de Nostradamus et cela peut valoir notamment pour l’Epître centurique à Henri II datée de juin 1558 et dont nous savons qu’il s’agit d’une contrefaçon de l’Epître placée en tête des Présages Merveilleux pour 1557 mais aussi pour les centuries qui auraient également fait partie des documents prétendument retrouvés en manuscrit dans la bibliothèque de Nostradamus. Ajoutons qu’on ne nous dit pas que Nostradamus soit l’auteur de ces Prévisions mais qu’il en serait plutôt le compilateur, d’où la formule “extraites de divers auteurs” encore que l’on ne nous précise même pas que ce travail de mise en forme soit réellement de Nostradamus mais simplement qu’on l’a trouvé dans ses papiers, ce qui montre qu’il y attachait, pour le moins, quelque importance. Il est possible que ces Prédictions pour 20 ans commençant pour 1563 aient pris le relais de précédentes Prédictions ou Prophéties, lesquelles auraient, elles, été bel et bien publiées. En tout cas, le document en question accrédite la thèse selon laquelle il aurait existé une sorte de recueil de prédictions, issues de divers auteurs et probablement de diverses époques et donc vraisemblablement bien antérieures, du moins pour certaines, au temps de Nostradamus. On comprendrait mieux alors que certains quatrains renvoient à des périodes anciennes et concernent des échéances déjà révolues. L’exemple de la Prophétie des Papes attribuée à l’irlandais Saint Malachie du XIIe siècle, dont les premières éditions ne dateraient en réalité que de la fin du XVIe siècle, témoigne du recours à un tel procédé : il s’agit d’exhiber un document qui a déjà fait ses preuves, de longue date, de préférence sur plusieurs décennies voire sur plusieurs siècles, ce qui d’ailleurs implique qu’il soit accompagné d’un commentaire ad hoc. Et là encore, force est de constater que les éditions conservées des Centuries, du moins celles supposées parues au XVIe siècle, ne comportent pas plus de commentaire - encore qu’on trouve une allusion à un commentaire - à la “seconde centurie” - dans les Significations de l’Eclipse de 1559, ouvrage certainement antidaté mais conforme à la présentation de l’époque de la première parution - que de mode d’emploi ou de biographie ni même de référence à la mort de Nostradamus. Or, dans le cas des prophéties pseudo-malachiennes, les devises des papes qui ont été confirmées avant parution bénéficient d’une explication.

   Tout cela nous amène, une fois de plus, à considérer que nous ne disposons pas des toutes premières éditions, quelle que soit leur date de parution. Il importait donc bien de décrire a priori à quoi peut avoir ressemble la première édition et déterminer, parmi les documents conservés, ceux qui se rapprochent le plus d’un tel modèle.

   On essaiera tout de même d’éviter les bévues du colloque de la BNF, début 2004, à savoir de parler à la fois du problème des éditions supposées parues du vivant de Nostradamus et de quatrains relatifs à des événements postérieurs aux dires éditions, sauf bien entendu à conférer aux dites Centuries un caractère réellement prophétique. Plusieurs thèses sont ici en présence : celle de quatrains annonçant bel et bien des événements à venir dans un futur relativement proche ou de quatrains rédigés post eventum. Il est clair que la dimension prophétique des Centuries constitue un obstacle épistémologique puisque, dans le cas de textes non réputés prophétiques, on n’accepterait pas qu’un texte soit antérieur à son contexte.

   Il serait bon de sérier les problèmes de façon à cerner les points d’accord entre spécialistes plutôt que d’opposer radicalement et de façon terriblement simplificatrice pro et anti Nostradamus, ces derniers étant, paraît-il, ceux qui voudraient “déposséder” Nostradamus de ses Centuries ainsi que lui contester ses talents prophétiques.

   Voici donc quelques éléments de réflexion que nous proposons à la réflexion de la commission Nostradamus du Colloque des 12 et 13 novembre. Chacun est invité à faire parvenir ses propres cogitations et propositions d’ici là.

Jacques Halbronn
Paris, le 20 juin 2004

Notes

1 Cf. le programme et les conditions du Colloque, sur Encyclopedia Hermetica. Retour

2 Cf. nos études sur “nénostradamisme et précenturisme” et sur “centurocentrisme et nostradamocentrisme”, sur Espace Nostradamus. Retour

3 Cf. “Le manuscrit idéal”, Espace Nostradamus. Retour

4 Cf. RCN, p. 193. Retour



 

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