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ANALYSE

62

La question des éditions pseudo-rigaldiennes
et l’édition de Cahors

par Jacques Halbronn

    Oui ou non Pierre Rigaud a t-il publié de son vivant une édition des Centuries à dix centuries ne comprenant pas les sixains, pour insister sur un trait caractéristique des éditions du XVIIe siècle ? Dans l’état actuel de notre recherche, nous en sommes de moins en moins convaincus. Et dans la foulée, c’est la question des premières éditions à dix centuries sans sixains qui se pose, du moins à partir de 1590.1

   Le cas Pierre Rigaud est, au demeurant, celui qui a le plus troublé les bibliographes en ce qui concerne les éditions sans sixains, portant son nom, avec la date de 1566. On considère depuis quelques décennies que ces éditions 1566 sont des faux du XVIIIe siècle. Et ce du fait qu’en 1566, Pierre Rigaud n’avait pas commencé ses activités de libraire.

   Mais qu’en est-il d’autres éditions non datées, elles, et que les mêmes bibliographes situent pendant la période d’activité du dit Pierre Rigaud.2 Et une telle question vaut pour les éditions non datées Héritiers Benoist Rigaud voire Benoist Rigaud ainsi que pour les éditions Jean Poyet, autre libraire lyonnais.

   C’est que ces éditions constituent un assez étrange ilot. D’une part, parce qu’elles ne coïncident nullement avec le contenu du Janus Gallicus de 1594 et de sa version parisienne de 1596 de par leur absence de présages et de quatrains des centuries XI et XII. D’autre part, parce que le XVIIe siècle sera essentiellement sinon exclusivement, en dehors des cas signalés ci-dessus, producteur d’éditions avec sixains et notamment avec l’Epître à Henri IV datée de 1605 laquelle ne figure effectivement pas dans les dites éditions Pierre Rigaud et compagnie. Encore en 1656, dans l’Eclaircissement des véritables quatrains, de Giffré de Réchac, on se plaint de la présence des dits sixains dans les éditions des Centuries.

   Si, à titre d’exemple, l’on étudie la Bibliographie Nostradamus de M. Chomarat et J. P. Laroche (Baden-Baden, Koerner, 1989), l’on note - sans pour autant adopter la datation de cet ouvrage - qu’à partir de l’édition antidatée de 1605, on ne trouve plus que des éditions à sixains (cette partie étant souvent désignée comme “centurie XI”) ou avec les Présages, cela ne vaut évidemment que pour les éditions comportant au moins dix centuries. On arrive ainsi allègrement à la page 186 et au n° 335, à l’année 1731 avec les Prophéties (...) imprimées par les soins du Fr. Jean Vallier, Avignon, F. J. Domergue3, ce qui coïncide avec les premières éditions P. Rigaud 1566. Bien plus, on trouve des éditions Pierre Rigaud comportant les dits sixains dont une est signalée au n° 200, p. 114. Selon Ruzo cette édition daterait du XVIIIe siècle, nous signale-t-on.

   Une seule apparente exception : en 1644. Il s’agit en réalité d’une édition non datée, chez le libraire lyonnais Claude de la Rivière (n°s 193 - 194, p. 110), mais on nous précise que “la fin manque”. Or, une autre édition, chez le même libraire, datée bel et bien de 1644, comporte les sixains (n° 197).

   Prenons à présent le RCN de R. Benazra, toujours à partir de l’année 1605 : même constat d’absence des éditions type Benoist Rigaud sans sixains.

   A suivre nos bibliographes patentés, on aurait donc eu - alors qu’en 1596 parait, à Paris, une nouvelle présentation du Janus Gallicus, cette fois sans traduction latine - entre 1597 et 1604 des éditions, jamais datées, sans sixains jusqu’à ce qu’en 1605 commence une longue ère d’éditions avec sixains. Combien exactement d’éditions sans sixains et sans présages ?

   - L’exemplaire non daté que nous avons consulté à Londres, de la collection Harry Price (Université de Londres), chez les Héritiers Pierre Rigaud,

   - l’édition non datée du libraire lyonnais Jean Poyet4, dont les activités se situent de 1590 à 1614,

   - plusieurs éditions non datées Pierre Rigaud.5

   A cet ensemble, il faudrait éventuellement ajouter une édition Benoist Rigaud, qui elle serait datée 1594 et 1596 respectivement pour les deux volets. Mais la référence à la Harry Price Collection est fausse, comme nous avons pu le vérifier sur place. Il y a là confusion avec l’édition Héritiers Pierre Rigaud. Mais il est bien possible qu’une telle édition ait pu être produite, la question étant à quelle (vraie) date ? Dans ce cas, elle serait à l’origine de l’édition Benoist Rigaud 1568 sans sixains.

   Il faut encore ajouter le cas de l’édition datée de 1590, se présentant comme parue à Cahors, chez J. Rousseau6, sans sixains ni présages. C’est peut-être là la pièce la plus intéressante du lot.

   Curieusement, toutes ces éditions sont supposées par nos bibliographes être antérieures à l605, année où serait parue, du moins s’il fallait se fier à la date figurant sur la page de titre, une première édition avec sixains et présages, comportant une Epître à Henri IV datée de cette même année 1605. En réalité, la présence même des sixains conduit à repousser sensiblement la date de cette édition.7

   Il semble en tout état de cause que personne ne conteste sérieusement le fait qu’entre 1605 et 1731 les éditions des Centuries aient systématiquement été pourvues de 58 sixains et qu’après 1731, à quelques rares exceptions près, comme l’édition de 1866 chez Delarue, comportant l’édition Chevillot avec sixains, on ait abandonné les dits sixains. Personne ne conteste non plus qu’au XVIIIe siècle, on ait produit des éditions antidatées à 1566, supposées parues chez Pierre Rigaud.

   Certes, il exista dans les années 1580 une édition Benoist Rigaud 1568 à dix centuries, et sans sixains, on s’en doute pour l’époque. Mais il semble désormais établi, sur la base de la mise en page, que l’édition Pierre Rigaud non datée soit issue de l’édition troyenne Pierre Chevillot. Or, cette édition comporte les sixains, lesquels ont donc été supprimés dans la dite édition Pierre Rigaud.

   L’édition Chevillot aurait-elle pu être reprise de l’édition Pierre Rigaud et non l’inverse ? On y aurait ajouté des sixains. Mais il semble bien que la dite édition Chevillot soit elle-même issue de l’édition datée de 1605 et comportant outre les sixains, les Présages qui ne se trouvent pas chez Chevillot mais qui sont présents chez Du Ruau et dans de nombreuses éditions du XVIIe siècle, en accord avec l’approche du Janus Gallicus, lequel, en revanche, ignore les sixains qui n’étaient pas alors encore apparus. Lors de la consécration des Centuries, dans les années 1650 - 1660, notamment avec les éditions hollandaises, celles-ci comportent bien et les sixains et les présages.

   Il n’en reste pas moins que le refus des sixains et des présages apparente les éditions qui ne les comportent pas à l’édition qui a du exister dans les années 1580 et dont Du Verdier témoigne, dans sa Bibliothèque, Lyon, B. Honorat, 1585. Mais cette édition à dix centuries ne comportait plus selon nous l’avertissement latin qui correspondait à un état à six centuries. En témoignent notamment les éditions d’Anvers (1590) et l’exemplaire de Budapest, Antoine du Rosne, 1557.

   Les éditions avec l’avertissement latin correspondent pour leur part à un état antérieur à l’édition à la miliade. Entendons par là que ce ne sont pas des éditions à dix centuries mais à sept centuries seulement, la septième n’étant qu’une addition à une édition à six centuries se terminant par le dit avertissement latin.

   L’édition datée de 1605 est une tentative pour constituer un ensemble à douze centuries, selon des principes d’aménagement différents de ceux qui présidèrent pour l’édition à la miliade. On y conserve notamment l’avertissement latin, en sus des 100 quatrains de la VI. La question qui se pose est de savoir si une telle édition serait la reprise d’une première version ayant accompagné le Janus Gallicus, ouvrage qui implique que l’on dispose des Présages et qui ne comporte que 347 commentaires de quatrains, souvent d’ailleurs utilisés à plusieurs reprises, issus tant des Centuries que des Présages, auxquels il convient d’ajouter le commentaire de quelques quatrains au sein de l’ “Avènement à la Couronne de France”, dédié à Alphonse Dornano, placé in fine8, texte paru séparément en 1595, à Paris chez Pierre Sevestre9, sous le titre de Prognostication de l’advénement à la Couronne de France de très illustre & tres généreux Prince Henry de Bourbon, Roy de Navarre etc.

   Or, l’édition de Cahors, datée de 1590, comporte un tel avertissement latin - qui plus est avec un Legis cautio corrompu en Legis cantio - à la différence de l’édition d’Anvers également datée de 1590 où il n’y en a pas du tout. On y trouve également un vouvoiement incongru, à deux reprises, dans la Préface à César, qui n’apparaît pas dans l’édition d’Anvers, ni dans les éditions parisiennes des années 1588 - 1589. Toutes ces caractéristiques de l’édition de Cahors se retrouvent dans les éditions rigaldiennes. Est-ce à dire qu’elle leur a servi de modèle ou bien qu’il s’agit d’une contrefaçon à placer avec les éditions lyonnaises susmentionnés, fabriquées au XVIIIe siècle, mettant fin à la très longue série d’éditions à sixains ?

   Si l’on étudie le second volet de l’édition de Cahors, on remarque, dans l’Epître à Henri II, la juxtaposition de 1585 et de 160610, ce qui en fait le prototype de toutes les autres éditions des Centuries VIII-X qui nous soient parvenues. L’édition à la miliade ne devait point comporter cette addition 1606 pas plus d’ailleurs que le développement comportant les positions planétaires pour cette année là telles qu’elles figurent dans la dite Epître.

   Il nous apparaît11 que le second volet de l’édition de Cahors est sensiblement plus ancien que le premier dont on a souligné les caractères, au contraire, tardifs. Alors que les quatrains du premier volet sont en italique, ceux du second ne le sont pas.

   A preuve du caractère ancien du second volet, l’absence de mots mis en majuscules dans les Centuries VIII-X, dont nous avons montré l’importance dans le Janus Gallicus et qui marque les éditions rigaldiennes. Or, le premier volet de l’édition de Cahors comportait bel et bien des mots mis en majuscules, par exemple Branches (I, 2) et Chyren (IV, 34).

   Si l’on compare la Centurie VIII dans l’édition 1605 et dans l’édition de Cahors, on ne trouve aucune majuscule en hypertexte12 pour Loron (VIII,1), Hiéron (quatrain 16), Flora (qu. 18), Norlaris (qu. 60), Par car nersaf (qu. 67), Loing (qu. 92), Var (qu. 97).

   C’est le seul cas connu de Centuries VIII-X sans hypertexte, ce qui apparente cette édition au style des éditions des années 1588 - 1590, à Paris et à Anvers, pour les sept premières centuries. Il est probable d’ailleurs que cette édition de Cahors, avec son Epître à Henri II, émanait du camp hostile à la Ligue. Comportait-elle à l’origine un premier volet ? Ce n’est pas certain.

   Que l’édition de Cahors, en son second volet, ait pu servir de modèle structurel aux éditions rigaldiennes serait donc envisageable, elle qui ne comporte ni présages, ni sixains. En revanche, la présence hypertextuelle dans les éditions rigaldiennes, les fait appartenir au champ “janussien”. Le premier volet de cette édition, en revanche, comporte des éléments sensiblement plus tardifs (Legis cantio, vouvoiement à la Préface à César, mots mis en majuscules). Le découplage entre les deux volets est un élément important ; il est d’ailleurs assez évident, mais sur un tout autre plan, en ce qui concerne l’édition Benoist Rigaud 1568 où l’Epître à Henri II ne comporte qu’une seule citation latine avec une typographie distincte, à la différence des autres éditions rigaldiennes, distinction en revanche marquée dans le second volet de l’édition de Cahors.

   Nous conclurons que les éditions rigaldiennes sans sixains datent toutes du XVIIIe siècle, qu’elles dérivent des éditions troyennes (Du Ruau, Chevillot) tout en adoptant le modèle Cahors, pour ce qui est de la composition du second volet, c’est-à-dire sans les diverses additions notamment à la fin de la VIIe et de la VIIIe Centuries qui caractériseront les éditions des Centuries durant tout le XVIIe siècle. A ce jour, le second volet de l’édition Cahors correspond à l’état le plus ancien qui nous soit parvenu, il est antérieur au Janus Gallicus qui en est le premier commentaire, partiel, déjà pourvu d’un hypertexte qui ne figure pas encore dans la dite édition Cahors en son second volet. Il est probable que le libraire de Cahors, Jacques Rousseau, ait souhaité, par la suite, publier une édition complète des Centuries en récupérant un premier volet d’une autre édition et en le datant de la même année que le second volet, soit 1590, qu’il ne souhaita pas remanier puisqu’il devait en avoir encore sinon un stock du moins conservé le matériel typographique.

   Mais comment aurait-il pu procéder pour ce faire ? Où aurait-il trouvé un premier volet comportant un hypertexte sinon en empruntant à une édition existante ? Sauf à supposer une intervention extrêmement tardive, dans les années 1620, il faut bien admettre dès lors qu’une telle édition a bien du exister en parallèle avec le Janus Gallicus et dont le premier volet de l’édition de Cahors serait la copie du premier volet correspondant. Quant au second volet de cette édition janussienne, il faut aller le chercher dans l’édition datée de 1605.

   Un détail, pour finir concernant l’avertissement latin. Le premier volet de l’édition Cahors comporte un état corrompu de celui-ci alors que l’édition datée de 1605 le comporte sous une forme correcte. Nous pensons donc qu’il a du exister deux éditions “janussiennes” des deux volets, munies de leur hypertexte, l’une avec le Legis Cautio et l’autre avec le Legis Cantio. De telles variantes sont, on le sait monnaie courante.13 La première servit à l’édition datée de 1605 et au modèle Du Ruau, la seconde à l’édition Chevillot, dont dérivent les éditions rigaldiennes. Le premier volet Cahors serait donc repris de la seconde édition susmentionnée.

   Il est fort peu probable que les faussaires du XVIIIe siècle aient eu sous la main l’édition Cahors 1590 à deux volets. La ressemblance structurelle entre la dite édition et les éditions pseudo-rigaldiennes est fortuite. Elle tient d’une part à ce que le premier volet de l’édition Cahors ait les mêmes sources que l’édition Chevillot dont elles sont dérivées et d’autre part, en ce que cette édition est antérieure au processus janussien, qui passe par l’intégration des présages puis, dans la foulée, à partir de l’édition datée de 1605 des sixains. Il conviendrait donc de ne pas amalgamer, pour autant, les éditions Cahors et les éditions pseudo-rigaldiennes en laissant entendre que l’on serait passé directement de l’une aux autres, comme pourrait le laisser croire un examen trop rapide et superficiel des bibliographies nostradamiques.

Jacques Halbronn
Paris, le 25 septembre 2003

Post Scriptum

   R. Benazra nous signale une vente aux enchères au cours de laquelle sera proposée une édition Pierre Rigaud 1566 dont il est dit qu’elle diffère des contrefaçons parus sous ce label. Il est ainsi expliqué :

   “There are several reasons why we are willing to state that it is our opinion that this work is the famous "1566 Edition Princeps. Due to recent discoveries of pre-1568 editions of books printed by Pierre Rigaud, we have come to the conclusion that there were two Pierre Rigauds who printed about a generation or so apart from each other in Lyon. One in the 16th Century and another in the 17th Century.

The original Pierre Rigaud that printed the "1566 Edition Princeps" printed in Lyon as did Benoist Rigaud, who was most likely a relative. Benoist is credited as the printer of the famous 1568 Edition of Nostradamus. However, that edition has proven to be a forgery.

Benoist's son Pierre Rigaud (who we refer to as Pierre Rigaud II) printed in the late 16th and early 17th Centuries. Early fake 1566 Editions that have an incorrect amount of quatrains in 7th Century are usually credited to being first printed by Pierre II. The 1566 Fake and 1568 Fake could easily have been printed by forgers and have no connection to Pierre II.

An analysis of early works by Pierre II can easily implicate or exonnerate him. The analysis of early Benoist Rigaud shows he did not print the 1568 Benoist Rigaud edition. Perhaps the same type of analysis will prove the 1566 fakes did not even come from Pierre Rigaud II. >BR>
Every known early copy of the Prophecies of Nostradamus, with possibly two exceptions, that bear the 1566 Edition date have many errors and too many quatrains in them. They are all fakes or copies made using the original forgery as its source (...)

It appears the fake Benoist Rigaud editions were printed several times, and then either his own son Pierre Rigaud II started to print the Prophecies near 1609, or more likely forgers started printing copies of the authentic 1566 Edition Princeps and these have been incorrectly credited to Pierre Rigaud II.

Pierre Rigaud II did print Nostradamus material for the son of Nostradamus, but it is most likely that forgers badly duplicated the true 1566 Pierre Rigaud. This edition may have confused historians and that is why it now appears Pierre Rigaud II did the early forgery to many. He most likely had nothing to do with the forgeries.

A thorough analysis of early works by Pierre Rigaud II may prove that he had nothing to do with creating the fake as many have put forth as an explanation. It is easy to show Benoist Rigaud did not print the Nostradamus edition credited to him, so it is logical to assume Pierre II did not print the fakes attributed to him either. (....) There are obviously two Pierre Rigaud versions. One "1566" Edition has the correct number of quatrains in the 6th and 7th Centuries supervised by Nostradamus that has many matches to the 1555 Bonhomme as well as the 1557 Rosne Editions. The other Pierre Rigaud Edition (1609 Edition) of the "1566 Edition Princeps" with the incorrect number of quatrains is most likely a forgery and may have been done by the same printer who did the 1568 Edition. Both the true "Edition Princeps" with the correct number of quatrains and the fake "1566" with the wrong amount of quatrains used 1566 on their title page.

Several other printers later created copies of the 1609 fake "1566" Edition, so later 17th and 18th Century copies have the incorrect number of quatrains in the 6th and 7th Centuries and use a 1566 Date on the title page as did their 1609 source. There are several of these early copies which all have the incorrect number of quatrains as does their alleged "1566" source, the 1566 fake is basically a recycled 1568 Benoist Rigaud Edition which is fake. Or perhaps an analysis needs to be done to show which fake is based on which fake. Is the 1568 fake based on the 1566 fake, or vice versa. I believe such an analysis will show the first editions of both fakes came from the same forger. Analysis can prove or disprove this theory.

That is why so many early copies have many similarities with the 1568 edition and not the true "1566 Edition Princeps" or the earlier 1555 Bonhomme and 1557 Rosne Editions.

The fact that other pre-1568 Pierre Rigaud books are now known to exist validates this chronology.

Since Michel Chomarat's work on Nostradamus editions, it has been incorrectly thought that the 1568 Benoist Rigaud Edition that can be found in several museums was the first complete edition of the Prophecies of Nostradamus. That is incorrect, it is obviously forgery. The 1557 Rosne Editions are most likely early pirated editions or fakes as well. The reason is simple, they use all Roman Numerals to number the quatrains. Something Nostradamus warned of in his prophecies.

It is clear when one analyzes the "1566 Edition Princeps" that they were most likely supervised by Nostradamus himself as was the 1555 Bonhomme edition. The proof of this is the type of numbering used in the quatrains in this edition that connect it chronically to the 1555 Bonhomme Edition. This type of numbering system clearly separates the "1566 Edition Princeps" and the 1555 Bonhomme Edition from the 1557 Rosne Editions as well as the 1568 Edition and later Editions based upon the 1568 fake.

There are many obvious changes or mistakes that appear in the 1568 Benoist Rigaud Editions. This unauthorized edition was not supervised by Nostradamus and it is an obvious and badly done forgery. The 1555 Bonhomme and "1566 Edition Princeps" appear to have been directly supervised by Nostradamus due to the numbering code that connects them.

All known copies of pre-1566 Nostradamus books do not contain the complete prophecies. This is thus the first edition of the complete Prophecies of Nostradamus or what many occult authors over the Centuries referred to as "1566 Edition Princeps".

This book was the source for the book titled "1566 Edition Princeps the Authorized Prophecies of Nostradamus". It is our opinion that the supposition put forth in that work is correct. All known editions of the Prophecies of Nostradamus with two exceptions are unauthorized pirated editions of Nostradamus or early forgeries, that is why there are so many errors in them.

The 1555 Bonhomme edition is an authorized Edition that is incomplete and does not contain all of the Prophecies of Nostradamus. The "1566 Edition Princeps" is the only complete authorized Edition of the Prophecies of Nostradamus that exists. These pirated and fake editions have led the MASSES to not being able to understand the work of Nostradamus as he so warned would occur in the Latin Omen at the end of the 6th Century of his prophecies !

This Edition if it is not the actual "1566 Edition Princeps" printed in 1566, is then one of only two known existing copies of that Edition that exists. This makes this book one of the most valuable Editions of any early printed books that still exist. ”

Nos observations

   Il faut saluer la volonté de déterminer des critères de datation autres que les années qui figurent complaisamment sur les pages de titre voire en bas des épîtres et qui appartiennent désormais à la préhistoire de la recherche nostradamologique. Cela dit, l’auteur de cette notice néglige toutes sortes de critères (de chronèmes) que nous avons établis au cours de nos études, notamment celles publiées sur Internet en 2002 - 2003, Site CURA et ESPACE NOSTRADAMUS, sans parler de nos publications.14 C’est ainsi que nous excluons définitivement la possibilité d’une édition à dix centuries en 1566.

   En revanche, il est tout à fait possible que contrairement ce que l’on a longtemps cru, les faussaires qui firent paraître, au XVIIIe siècle, des éditions Pierre Rigaud 1566 ne commirent pas la bévue d’attribuer de telles éditions à un libraire n’ayant commencé son activité qu’en 1600. Nous n’avons pas l’habitude de considérer les dits faussaires pour des imbéciles, ce qui faciliterait énormément le travail de recherche. On peut donc raisonnablement penser qu’un Pierre Rigaud I publiait des ouvrages en 1566 et que c’est à lui que l’on décida d’attribuer les dites éditions 1566. Cela ne signifie donc en aucun cas que l’édition mise en vente soit authentique car les raisons pour rejeter ces éditions 1566 ne se réduisent nullement, du moins en ce qui nous concerne, à un problème de dates d’activité d’un libraire. Il est probable, en tout cas, que c’est bien Pierre Rigaud I qui a été imité et non Pierre Rigaud II, lequel notamment publiait en 1603 les Pléiades de Jean Aimé de Chavigny. Les éditions non datées que l’on attribue, dans les bibliographies nostradamiques, à Pierre Rigaud II sont toutes, selon nous, à situer au XVIIIe siècle. Et il en va de même pour toute édition à dix centuries datée de 1566 qui serait attribuée à Pierre Rigaud I. L’information de l’existence d’un Pierre Rigaud I qui aurait d’ailleurs la même adresse que Pierre Rigaud II, rue Mercière, à Lyon, montre bien que le b-a ba des faussaires est de se référer à un libraire ayant existé à l’époque - qu’il ait ou non d’ailleurs publié réellement du Nostradamus - où le faux est daté. Cela vaut notamment pour Antoine du Rosne et les contrefaçons datées de 1557 tout comme pour Macé Bonhomme que la notice en question ne remet nullement en cause. Il reste que cette affaire “Pierre Rigaud 1566”, fausse alerte qui défraya tant la chronique, à tort probablement - et qui était devenu un pont aux ânes - aurait pu enclencher un approche critique de l’ensemble du corpus nostradamique et notamment centurique, ce qui ne fut pas, nous semble-t-il, le cas avant nos propres travaux.

   Le raisonnement suivi par la notice anglaise pèche cependant sur un point essentiel : c’est que le libraire lyonnais Poyet (cf. supra) est bien contemporain du dit Pierre Rigaud II, soit au début du XVIIe siècle, et que ses éditions non datées sont identiques à celle, également non datées, attribuées par les bibliographes, à Pierre Rigaud II. Cela montre donc bien que les faussaires ont également cru, à tort, que Poyet officiait vers 1566 ou que pour des raisons techniques, ils furent amenés, pour mener à bien leur projet de contrefaçon, à se servir de la production de ces libraires, sans trop se poser de questions sur leur période d’activité ; un tel impératif l’emporta apparemment sur d’autres. Dès lors, la question de l’existence d’un Pierre Rigaud I n’a plus guère d’intérêt, du moins, au regard de la recherche nostradamologique telle que nous la concevons. En revanche, pour ceux qui avaient “déclassé” toutes les éditions 1566 sur le seul fait qu’aucun Pierre Rigaud n’exerçait alors, il y a, bel et bien - mais c’est leur probléme - matière à réflexion.

Jacques Halbronn
Paris, le 3 octobre 2003

Notes

1 Cf. notre étude “le vrai pedigree de l’édition Benoist Rigaud 1568”. Retour

2 Cf. R. Benazra, RCN, pp. 147 et seq. Retour

3 Cf. Bibl. Marciana (Venise), 202 c 154. Retour

4 Cf. BNF Res Ye 1788, numérisée. Retour

5 Cf. Bibl Toulouse Res D XVI 528; Lyon La Part Dieu Res 808 163; BNF Res Ye 1784-1785. Retour

6 Conservée à Rodez, à la Société des Lettres. Retour

7 Cf. nos Documents inexploités sur le phénomène Nostradamus, Feyzin, Ed. Ramkat, 2002. Retour

8 Cf. pp. 283 et seq. Retour

9 Cf. Bib, Mazarine 37254. Retour

10 Cf. nos observations in Documents Inexploités, op. cit., p. 85. Retour

11 Cf. TPF, p. 1202. Retour

12 Cf. notre étude sur ce sujet. Retour

13 Cf. P. Brind’amour, Les premières Centuries ou Prophéties, Genève, Droz, 1996. Retour

14 Cf. Texte Prophétique en France, Lille, ANRT, 2002 et Documents Inexploités sur le phénomène Nostradamus, Feyzin, Ed. Ramkat, 2002. Retour



 

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